Montréal Underground Origins Blog

Montréal Insolite : Guide de la vie nocturne alternative de 1974. Première partie.

15.06.2015

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Montréal Insolite est un guide spécialisé dans la vie nocturne alternative de Montréal qui a été publié une ou deux fois seulement. Cette publication appartient à un style de guides « underground » qui semblent n’avoir existé que dans les années 1970 et qui encourageaient les touristes et les résidents à explorer la sexualité, les drogues et le rock and roll dans un esprit d’hédonisme propre aux années 70.

Montréal Insolite ressemble beaucoup au guide Peoples’ Yellow Pages, mais diffère en ce qu’il se concentre davantage sur la sexualité et moins sur les ressources communautaires. Nous apprécions les nombreuses photographies du Montréal Insolite, même si elles sont malheureusement imprimées en offset noir et blanc, une technique peu coûteuse, populaire chez les publications destinées à être éphémères.

L’auteur nous parle sur un ton désabusé que nous aimons bien et quoiqu’il semble être homosexuel lui-même, les termes et tournures de phrases qu’il utilise précèdent manifestement toute notion de rectitude politique. En tournant les pages, il devient clair que même si Montréal a divers charmes, sa vie nocturne et son « red light » ne sont plus ce qu’ils étaient autrefois en raison de la répression policière qui battait son plein à l’époque.

Cliquez ici pour lire la publication en en version intégrale (8mb).

Nos efforts pour retracer l’auteur, le photographe et l’éditeur ont échoué. Si vous savez quoi que ce soit à leur sujet ou si jamais vous voyez une nouvelle édition de Montréal Insolite, de grâce, contactez-nous!

Merci à Alex Taylor pour nous avoir gracieusement prêté son exemplaire.

Montréal Insolite

AVANT-PROPOS

Ce guide pour le moins insolite n’a surtout pas la prétention d’être complet. Il veut révéler aux visiteurs et aux Montréalais un aspect souvent ignoré de la métropole du Canada:

La vie nocturne.

Il a été conçu et réalisé par trois gars au tempérament différents, qui chacun à leur façon, sont en amour avec Montréal.

Claude Jodoin est un journaliste de carrière, doublé d’un couche-tard invétéré. Il baraude à travers Montréal depuis une quinzaine d’années. Il vous fait ici profiter de son expérience. C’est un Montréalais pure-laine qui ne cesse de fréquenter “sa” ville.

Gérald Merckel est aussi un journaliste de carrière doublé d’un photographe dont le talent était insoupçonné jusqu’ici au Québec. Il y a quelques années il débarquait à Montréal après avoir quitté l’Algérie où il est né. Il s’est laissé séduire par la deuxième ville française du monde au point de la croquer sous tous ses angles.

Yvon Belzil est un gars du Bas du Fleuve qui est monté vers Montréal il y a une quinzaine d’années et qui n’en est jamais reparti depuis. Il a dirigé la mise en page et la confection de ce volume.

Introduction

Place Ville Marie.

Place Ville Marie.

Pendant de nombreuses années, la ville de Montréal fut reconnue comme étant la plus “vivante” en Amérique du Nord. Ses multiples maisons de jeu, son quartier réservé, ses quelque trois cents cabarets et sa faune nocturne donnaient à la Cité un caractère bien particulier.

“MONTREAL by NIGHT” constituait un monde à part, doté de règles spéciales où s’étaient installées habitudes et coutumes.

Les réformateurs apparurent soudain!
Ce fut le grand ménage.

Le Comité pour la Moralité Publique, Pacifique Plante, Jean Drapeau, la Ligue d’Action Civique et l’Enquête Caron s’attaquèrent à la lourde tâche d’épurer leur ville.

Le quartier réservé fut complètement démoli et fit place au “Plan Dozois”, le premier HLM en terre québécoise. Les maisons de jeu disparurent les unes après les autres et on obligea les filles publiques à entrer dans la clandestinité.

L’ère nouvelle s’annonçait.

Nos filles de joie délaissèrent le trottoir et découvrirent le téléphone. C’était en 1954, l’année des “call girls.”

Progressivement, on resserra l’étau moraliste, cloisonnant la vie nocturne montréalaise dans des normes rigides.

Un peu plus récemment, on entreprenait des raids massifs dans la plupart des établissements licenciés… dans le but bien évident d’obtenir l’annulation de leur permis d’exploitation. A première vue, ces tactiques policières semblèrent porter un coup mortel aux noctambules montréalais.

Nombreux sont les touristes qui croient maintenant qu’il est très difficile, voire impossible, de s’amuser dans la deuxième ville française du monde.

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Ce petit guide sans prétention veut démontrer que, malgré les efforts apparents des forces de l’ordre, Montréal est une ville toujours aussi “fringante” qu’il y a vingt ans… avec cette seule différence que les choses se passent maintenant de façon clandestine.

L’important pour trouver ce qu’on désire, c’est de savoir où chercher… et comment s’organiser. Car Montréal est une des villes les plus cosmopolites de toute l’Amérique septentrionale et on peut y trouver tout… dans tous les domaines!

Si vous savez chercher, vous pourrez, avec un peu de chance, aboutir au beau milieu d’une orgie sexuelle avec une lignée de disciples de Lesbos; vous faire racoler sur la rue par une “grande” qui vous fera connaître les délices de l’amour au masculin; goûter au sexe conventionnel avec des pupilles de Martha Adams ou de la grosse Rita, pousser plus loin l’expérience avec deux ou trois partenaires plus délurées: assister à un “mariage à la crème” entre deux homosexuels qui n’hésitent pas à afficher leur tendance; vous offrir un “voyage” dans le monde de l’irréel à l’aide de marijuana, de haschich, de mescaline, de LSD ou de drogues toutes aussi éthérées.

Pour les amateurs de cinéma, vous pourrez choisir entre une trentaine de films plus osés les uns que les autres, projetés sur les écrans de nos meilleurs cinémas. Boul. Décarie, les autorités les qualifieront de films artistiques… tandis que rue Papineau le même film sera saisi comme étant présumé pornographique. Ce fut l’histoire de I, A Woman!

Parallèlement et pour refaire vos forces, vous pourrez vous offrir un gueuleton de choix dans l’un des nombreux restaurants de première classe que l’on retrouve dans la métropole; assister à un concert de l’Orchestre Symphonique de Montréal, l’un des meilleurs au monde; applaudir Charles Aznavour, Gilles Vigneault, Nana Mouskouri, Monique Leyrac ou Harry Bellafonte à la Place des Arts; visiter le Musée de Montréal et y admirer une magistrale collection des grands noms de la peinture; ou bien discuter de philosophie, politique ou de maoïsme dans l’un des nombreux cafés, rendez-vous quotidiens de notre faune intellectuelle.
Vous pourrez apprendre en cinq leçons l’art du “self defense”: le karaté; visiter les marchés aux miracles que sont l’Oratoire Saint-Joseph, l’église Notre-Dame, l’église du Bonsecours ou l’un des 190 temples de la métropole; folâtrer lentement sur les pentes du mont Royal et passer des heures à Terre des Hommes, oasis de la Culture et des Arts créée de toutes pièces au beau milieu du Saint-Laurent.

Montréal est une exigeante maîtresse. Il faut la serrer de près pour connaître tous ses secrets. Si elle est un peu rébarbative au premier abord, elle vous ouvre largement son cœur une fois que vous l’avez connue. Et, quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, Montréal est tout aussi “vivante” aujourd’hui que pendant les années trente, alors que sa réputation faisait courir les touristes de tous les coins du Continent.

A CITY NEEDS TO BE OPEN OR CLOSED

A CITY NEEDS TO BE OPEN OR CLOSED

SHUT DOWN - Some of the "victims" of the big cleansing that took place in Montreal  through 70-71-72, when more than 180 night clubs in Montreal were closed by the authorities.

SHUT DOWN – Some of the « victims » of the big cleansing that took place in Montreal through 70-71-72, when more than 180 night clubs in Montreal were closed by the authorities.

Another one shut down - un autre club fermé.

Another one shut down – un autre club fermé.


ELLE FUT FERMÉE.

Quelques-unes des “victimes” du grand ménage qui eut lieu à Montréal au cours des années 70-71-72. Plus de 180 clubs de nuits de la région Montréalaise ont été fermés par les autorités.

Il fut un temps où la Métropole fut “grande ouverte, mais honnête”, pour employer l’expression de l’un de ses premiers magistrats, Me Sarto Fournier. Il fut un temps, sous Camilien Houde, où Montréal fut ville ouverte… sans plus de commentaires. Il fut même une époque, où elle fut ville fermée. Cela se passa durant la guerre de 39, alors que les Autorités militaires défendirent aux soldats l’accès de la Métropole; nos “poilus” revenaient au camp avec des maladies vénériennes. Nos “pépées” à la cuisse alerte étaient en train de vaincre l’armée canadienne! Cette décision des autorités créa d’ailleurs une mini-révolution au sein de nos filles publiques. On entreprit un grand nettoyage médical, et Montréal redevint Ville ouverte… pour les militaires comme pour les autres.

C’était la belle époque! Montréal cachait alors un véritable quartier réservé, où des centaines de filles pratiquaient le plus vieux métier du monde. Et ce, avec l’apparente bénédiction des autorités municipales. Le racolage et la maison de débauche étaient interdits par le Code criminel, ce qui n’empêchait nullement les bordels de pousser comme des champignons.

Les activités nocturnes de nos belles de nuit étaient confinées, à l’époque, au quadrilatère formé par les rues Saint Laurent, à l’ouest; Ontario, au nord; Saint-Denis, à l’est; et de la Gauchetière, au sud. Les établissements les plus prestigieux se trouvaient situés dans le nord du quartier. Plus on descendait vers le sud, plus les tarifs diminuaient.

Le Redlight

Tout le monde a entendu parler du fameux 312 de la rue Ontario; c’était probablement le “bordel” le mieux connu en Amérique. On y trouvait des filles sensationnelles qui, pour un prix plus qu’abordable (entre $5.00 et $15.00), vous conduisaient tout droit au septième ciel. Soit dit en passant, cette maison close était située juste en face du Poste de police numéro 4, et, de la fenêtre de son bureau, l’officier commandant pouvait surveiller, d’un œil égrillard, toutes les bacchanales.

Dans les rues avoisinantes, les maisons closes pullulaient… Il y en avait au moins une bonne centaine, disséminées sur les rues DeBullion, Charlotte, Berger, Hôtel de Ville, Saint-Dominique, etc. On pouvait facilement les reconnaître grâce à la lumière rouge marquant leur entrée. Ce qui valut au quartier son surnom officiel: — le “REDLIGHT.”

Un promeneur solitaire n’avait qu’à arpenter les rues et à faire son choix… Il n’y avait pas moins de 600 filles qui travaillaient dans le quartier et elles attiraient l’attention en frappant dans les vitres. Pour qui savait se débrouiller, il n’était pas difficile de trouver une aubaine… Ainsi aux petites heures du matin, les filles qui n’avaient pas remplie leur quota étaient prêtes à toutes les concessions. Et, un journaliste bien connu pour ses aventures amoureuses, a réussi de cette manière, à récolter plusieurs fins de nuit, pour la modique somme de $5.00. Ce même journaliste avait aussi découvert que le dimanche matin, les filles n’avaient absolument rien à faire, leurs clients habituels étant retenus à la messe dominicale. Il prit alors l’habitude de circuler dans les rues du quartier et réussit à se payer les charmes des vedettes de Madame Lucie et de la grosse Georgette, les tenancières huppées de l’époque, et ce, à des tarifs nettement réduits.

Tout autour de ce quartier interlope, les clubs de nuit poussèrent comme des champignons. Sur la “Main” … et sur la “Catherine” entre Saint-Laurent et Saint-Denis, il y en avait plus de quarante! Ils étaient normalement fréquentés par les habitués du quartier, qui allaient s’y revigorer après leurs aventures sexuelles, ou encore, qui s’envoyaient quelques verres derrière la cravate, pour se donner le courage de s’aventurer dans les méandres du “REDLIGHT.”

Red Light district

Red Light district

Les touristes y trouvaient des maîtres d’hôtel huppés qui se faisaient un plaisir de les diriger vers la meilleure maison close du quartier. En fin de soirée cependant, les clubs de nuit se métamorphosaient. A l’époque, bien que l’heure de fermeture officielle ait été fixée de par la Loi à 2 heures du matin, les cabarets restaient ouverts jusqu’au lever du soleil. Vers trois heures, les “pimps”, les “gigolos”, et les tombeurs à la manque allaient chercher leurs “femmes” dans les maisons closes pour assister au dernier spectacle, soit: au Faisan Doré, à la Casa Loma, ou au Vie… Ces messieurs dépensaient comme des millionnaires l’argent gagné horizontalement par leur favorite.

Pour employer l’expression du milieu, l’épaisseur du “bankroll” qu’ils “flashaient” était la preuve de la qualité de la fille qu’ils avaient au bras!

Puis, on terminait la soirée dans un fameux “Spaghetti House,” le meilleur restaurant italien de la Métropole, à l’époque. Chose curieuse, les habitués y commandaient presqu’infailliblement un “Pepper steak”!

Parallèlement, rue Sainte-Catherine, les maisons de jeux pullulaient… tout comme les maisons de paris. Durant de longues années le quartier abrita des “barbottes fameuses”… où l’on perdait des fortunes chaque soir… Les maisons de paris étaient intégrées au réseau international et on pouvait y placer des gageures sur un cheval courant sur n’importe quelle piste en Amérique du Nord.

Dans le quartier réservé, les activités policières étaient réduites à un simple minimum…. On faisait bien un “raid” ça et là, pour la forme, mais le tout se déroulait au vue et au su de tout le monde, il arrivait même qu’un curé qui s’était levé du mauvais côté, se permette une vitriolique dénonciation du haut de la chaire… Mais, un chèque substantiel, pour les bonnes oeuvres de la Paroisse, avait pour effet de corriger la situation. Cela, dura au moins une vingtaine d’années, jusqu’à ce que Pacifique Plante, qui décida de jouer les Saint-George, se lance dans un grand nettoyage.

Les assises politiques de la Métropole furent ébranlées et son honneur Jean Drapeau devint le premier magistrat de Montréal. En moins de deux ans, le “REDLIGHT” avait disparu, remplacé par un immense HLM…

Nos péripatéticiennes entrèrent alors dans la clandestinité…. Au lieu d’opérer à partir de maisons closes, elles choisirent quelques bars, où, elles s’installèrent pour faire du racolage…. Les propriétaires de cabaret, devant cette manne providentielle, adoptèrent vite une nouvelle ligne de conduite… Les danseuses remplacèrent les comédiens, et très vite, ces demoiselles à la vertu facile prirent la bonne habitude de s’asseoir avec les clients pour leur réclamer quelques consommations.

Les filles étaient accortes et délurées. Certains établissements en employaient plus de 50 à la fois… Ces “artistes” n’hésitaient nullement à aller beaucoup plus loin que de faire un “striptease” plus ou moins époustouflant et de prendre un verre avec un client.

Le « mixing »

En fait, elles se divisaient en deux groupes: celles qui “sortaient” et celles qui “ne sortaient pas”. Celles qui ne sortaient pas voyaient à la bonne marche de l’établissement, tandis que les autres, voyaient à la bonne marche d’un commerce parallèle! Un bon pourboire au maître d’hôtel permettait de continuer le “party” dans une atmosphère plus propice et plus détendue… à la condition que le client ait pris un minimum de consommations avant le grand départ.
Le résultat pratique fut que le prix des aventures amoureuses monta en flèche. Elles coûtaient entre six et dix fois plus qu’auparavant. Les propriétaires des cabarets se rendirent vite compte de la rentabilité de la nouvelle méthode de travail… On mit rapidement sur pied l’opération “mixing” avec de multiples raffinements. C’était vraiment quelque chose à voir. Si un ou deux clients bien nantis entraient dans l’établissement, une nuée de danseuses s’abattaient sur eux. Si ces messieurs n’étaient pas rompus aux tactiques de cette guerilla con-fraternelle, ils pouvaient se réveiller avec une note se chiffrant dans les $300.00 ou $400.00.

Un soir, nous avons vu trois médecins américains qui commirent la terrible imprudence de régler une première tournée avec une carte de crédit… En moins de 45 minutes, les belles de l’établissement, leur montèrent une facture allant chercher dans les $900.00. Ils quittèrent le cabaret sans trop se rendré compte de ce qui leur arrivait, et surtout, sans avoir “goûté” aux charmes des vaporeuses effeuilleuses.
C’était là l’exception cependant. Plus souvent qu’autrement, les clients avertis acceptaient de bon gré, de dépenser quelques dizaines de dollars en compagnie d’un sérail de danseuses, pour ensuite quitter les lieux avec leur favorite du moment! Les filles qui travaillaient dans ces cabarets avaient une capacité d’absorption phénoménale. Une bonne “mixeuse” pouvait s’envoyer 100 “cocktails” derrière “l’aluette” sans broncher de l’oeil. Au début, on leur servait des “phoneys”…. du vulgaire “ginger ale” dans une coupe de champagne.

Certains propriétaires de cabaret furent accusés de fraude et on se raffina. On servit aux danseuses-mixeuses des “cocktails” dans des verres bourrés de glace concassée, ne contenant que quelques gouttes d’un vin médiocre… ou encore, des “drinks” fortement dilués, soit 3 onces d’alcool dans un demi gallon d’eau.
Plusieurs techniques furent mises au point. Si le client insistait fortement pour qu’elles boivent autre chose, ces demoiselles employaient la technique du transfer. Elles prenaient une gorgée d’alcool… qu’elles se gardaient bien d’avaler…. puis, elles faisaient semblant de prendre une gorgée d’eau dans un autre verre. En fait, elles régurgitaient l’alcool dans le verre à moitié rempli, qu’un “busboy” remplaçait avec l’agilité manuelle d’un Houdini. Quand il s’agissait d’un “poisson” de grande taille, qui n’hésitait pas à lui offrir une bouteille de champagne à $80.00 la copie, la danseuse recourait alors à une technique pas plus subtile, mais, tout aussi efficace. Le “dumping”.

Pour lui faciliter le travail, la serveuse plaçait le seau rempli de glace, servant â frapper la bouteille, au pied de la “mixeuse”. D’une main câline, la danseuse caressait le cou de son Roméo, tandis que de l’autre, elle vidait la bouteille dans le seau. Comme tout cela se faisait dans le noir, plus souvent qu’autrement, le champagne aboutissait sur le tapis…. Puis, ce fut l’époque du “gigagig”. Certaines filles beaucoup plus délurées se rendirent vite compte qu’elles perdaient un temps précieux quand elles quittaient le cabaret pour “faire un client”. Alors, elles développèrent la technique du “gigagig”…. le travail à la main…. sous la table, moyennant adéquate rémunération!

Ces demoiselles faisaient ainsi d’une pierre deux coups… elles touchaient leur “eut” sur les “drinks” qu’elles consommaient, et un généreux pourboire pour leurs mains habiles!
Dans certains établissements mal famés, on aménagea même une arrière-boutique où les filles pouvaient se “faire aller” sans trop de retenue.

C’était trop beau pour durer!

Le maire Jean Drapeau…. et son équipe moralisatrice décidèrent de faire maison nette avant la tenue de l’EXPO 67. Le Conseil municipal adopta le fameux règlement numéro 3416, défendant toute fraternisation entre les employés de cabarets et les clients. Ce règlement donna lieu à une lutte épique entre nos braves policiers chargés de l’appliquer, et les propriétaires de cabarets.

Il ne réprima pas les abus, au contraire…. il en créa d’autres. Les clients continuèrent à dépenser de petites fortunes dans les cabarets, avec cette différence que, plus souvent qu’autrement, ils perdaient leur compagne aux mains des policiers qui les ramassaient et remplissaient allègrement leur panier-à-salade.
Finalement, après des années de tergiversation, les autorités policières eurent le dernier mot…. et les cabarets spécialisés perdirent un à un leur permis de la Régie des Alcools.

Parallèlement, plusieurs réseaux de “call-girls” s’installèrent à demeure dans la Métropole… sous l’égide de Grandes madames, telles: la grande Claudette, la douce Francine, la belle Rose, la grosse Rita…. et Martha Adams, qui est connue partout en Amérique.
De nos jours, ces réseaux existent encore, mais, leurs activités sont plus limitées. La compétition est terrible, car des milliers de filles pratiquer^ maintenant, à temps partiel, le plus vieux métier du monde. Les professionnelles voient d’un très mauvais oeil cette concurrence déloyale…. mais, elles ne peuvent que tenter de limiter les dégâts, sans trop de succès d’ailleurs. Bien que les temps aient changé, il est toujours facile de se “payer du bon temps” à Montréal. Nos filles, dit-on, sont parmi les plus belles au monde et leurs cuisses sont particulièrement accueillantes.

LES PETITES FEMMES…

Montréal Insolite

“Chauffeur, sais-tu où on peut trouver des femmes?”
“Non, C…… Drapeau a fermé la ville!”
Y’a plus rien qui marche!

Dans toutes les villes du monde, si un mâle veut avoir “une partie de plaisir” il peut s’adresser à un chauffeur de taxi qui saura le diriger au bon endroit.

A Montréal, ce système ne fonctionne plus depuis déjà belle lurette…. et à part quelques spécialistes qui “travaillent” surtout le Centre-ville et qui sont véritablement des “pimps” motorisés et licenciés par la cité, il faut être vraiment chanceux pour trouver un chauffeur de taxi qui pourra vous diriger vers ce que la Loi appelle “une maison de débauche”!

Cela ne veut pas dire cependant qu’il est impossible de se payer du bon temps à Montréal! Loin de là…. Les méthodes employées sont cependant différentes.

Si vous avez la bonne fortune d’être logé dans l’un des gros hôtels du Centre-ville, un généreux pourboire au bon chasseur ou au bon barman peut facilement servir de Sésame. Quelques-uns de ces messieurs sont très discrets et ils connaissent les numéros de téléphone particulier des plus célèbres “call-girls” de la Métropole. Il s’agit de laisser percer vos intentions licencieuses et d’être prêt à payer une petite fortune. Vous aurez droit alors, à une fille racée que vous amènerez dîner dans un restaurant huppé…. et en fin de soirée, elle aboutira directement dans votre lit, pour la nuit, si vous le désirez. Le tarif: de $200.00 à $300.00 pour la fille…. plus une centaine de dollars pour le souper au champagne. Ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses!

Si vous savez marchander et si vous vous montrez gentil, vous pourrez peut-être convaincre la fille de subir “vos hommages” pour la somme de $100.00…. jamais moins. Mais, vous risquez qu’elle fasse l’amour à contre-coeur et qu’elle désire vous expédier en moins de 20 minutes! Ces filles de race sont gâtées…. et elles aiment être traitées comme des reines. Elles se contentent de “faire” trois ou quatre clients par semaine…. mais, il faut que ces messieurs soient prêts à payer le gros prix.

Evidemment, le commun des mortels ne peut se payer telles “pépées”…. pas plus que le commun des mortels ne peu épouser une Gina Lolobrigida, une Brigitte Bardot ou une Elaine Bédardü! Avec un peu d’insistance, un chasseur d’hôtel pourra vous diriger vers des filles moins coûteuses…. Dans tels cas, le tarif normal est de $50.00 pour une heure. Ce sont là les méthodes usuelles d’opération…. partout dans le monde!

Dans quelques bars du Centre-ville, il est possible de lever une fille raisonnable qui se fera un plaisir de conjuguer le verbe aimer à tous les temps…. et à toutes les sauces. Dans tels cas, le tarif usuel est de $35.00 à $75.00 dépendant de vos goûts et exigences.

A ces endroits, ou sur la rue il est aussi possible de rencontrer un souteneur qui se fera un plaisir d’arranger les choses pour vous. Dans toutes les villes du monde, on opère de cette façon…. A Montréal, telles opérations sont extrêmement discrètes, car on craint beaucoup la police! Spécialement dans les bars…. où l’on se permet telles incartades à la Loi.

Fait à signaler, les grands hôtels sont exempts de telles pressions policières. Et de mémoire d’homme, on ne se souvient pas d’un cas où un chasseur ou un barman ait été accusé d’avoir dirigé un client vers une maison de débauche! Ces méthodes normales sont cependant désuètes et pour qui sait se débrouiller, Montréal offre des aventures beaucoup plus intéressantes.

Dans le Centre-ville, il existe de nombreuses discothèques, fréquentées par des filles à la cuisse accueillante, qui n’hésitent pas pour un léger supplément, à faire l’amour moyen- nant espèces sonnantes et trébuchantes.

Dans certains établissements, on peut trouver de tout…. la professionnelle, qui y fait un discret racolage; la fille facile, qui veut arrondir le contenu de son sac à main; la nymphomane, en
mal d’aventures; etc. Et, avec un peu de chance et de charme naturel…. on peut s’en tirer en payant les consommations…. et un fin gueuleton pour terminer la soirée. Mais, c’est là l’exception plus que la règle. Le visiteur qui ne passe que quelques jours dans la Métropole, ne peut faire la cour à une belle fille et l’amener rapidement à céder à ses avances. A moins d’être un séducteur né! Ce qui est loin d’être le lot de tous les mâles. Il faut donc se résoudre à payer. Heureusement qu’il y a les petites annonces de Montréal-Matin, qui ne coûtent pas chères et rapportent bien.

Depuis quelques années, en effet, nos belles de nuit montréalaises, habilement conseillées par un brillant avocat, ont trouvé un moyen infaillible de contourner la Loi…. et même d’offrir leurs services par l’entremise d’annonces dans les journaux. Et, celui qui sait lire avec attention les petites annonces paraissant sous la rubrique 720 dans Montréal-Matin ou encore la rubrique 812 du Journal de Montréal peut s’amuser durant de longues semaines.

On ignore trop souvent que la prostitution n’est pas illégale au Canada. Si tel était le cas, les maîtresses de nos hommes d’affaires et les secrétaires mini-jupées qui se laissent facilement séduire par le patron pourraient avoir des problèmes. Ce qui est nettement illégal, c’est le racolage et la tenue d’une maison de débauche. Les échanges intimes entre un homme et une femme, dans le secret de l’alcôve, ne sont pas du ressort de la Loi. Se servant de cette lacune, certaines filles ont vite fait de lancer un service de massage à domicile…. à l’hôtel…. ou au motel. Le client se rend dans un motel, loue une chambre, puis téléphone à la masseuse…. qui arrive à toute vitesse. Le tarif pour un massage est de $15.00 et il ne s’agit que de montrer à la fille quelques billets verts pour qu’elle laisse tomber mini-jupe, culotte et soutien-gorge et vous masse avec d’autres muscles que ceux de ses mains.

MASSEUSES, HOTESSES, ESCORTES, ET CLIENTS…

Malheureusement cette méthode n’était pas très au point et certaines filles furent accusées d’avoir pratiqué sans permis le métier de masseuse. Elles dûrent payer une amende de $10.00.

Très vite les masseuses se muèrent en hôtesses, escortes, ou encore en “guides touristiques.” Cette nouvelle méthode d’opération a un énorme avantage…. Le client peut maintenant choisir l’élue de son coeur qui l’accompagnera dans une tournée des grands ducs! Il suffit de placer un appel téléphonique auprès de l’agence. On est immédiatement invité à visiter les lieux pour y choisir celle qui aurait le plaisir de vous guider dans les méandres de la Métropole. Le tarif officiel est de $15.00 pour deux heures, et cette somme est versée comptant au représentant de l’agence. On prend ensuite rendez-vous avec la jeune hôtesse…. qui se laisse facilement conduire au premier motel, où, moyennant la somme de $35.00 elle est prête à écarter ses fines jambes et à laisser la nature suivre son cours… (1)

Pour ceux qui recherchent l’insolite, certaines de ces hôtesses accepteront de convoquer une compagne qu’il faudra payer naturellement et vous pourrez ainsi connaître les délices de l’amour à trois…. avec toutes ses variantes! Actuellement, il existe à Montréal au moins quatre agences de ce type, employant une dizaine de filles chacune….

Fait à remarquer, la plupart de nos filles de joies sont des adeptes de l’amour à la française, et pour le même tarif elles se serviront de leurs lèvres vermeilles pour vous conduire au septième ciel….

For rich men only.

For rich men only.

Nos “hommes d’affaires” n’ont pas oublié les voyeurs…. et pour eux, ils ont fondé des studios spécialisés dans le nu intégral. Dans ce domaine, les modèles sont particulièrement jolies…. et elles savent prendre des poses lascives et provoquantes. Pas question cependant de faire autre chose que de prendre des photos…. du moins, dans le studio. Il en coûte $20.00 pour huit photos en noir et blanc, et $25.00 pour le même nombre de photos en couleur. Pour cette somme, vous pouvez passer près d’une heure dans l’intimité du modèle qui se laissera toucher doucement sans plus.

On y apporte cependant plusieurs variantes; dans certains studios, on pratique le “happening”. Vous pouvez tout à loisir peindre sur le corps nu du modèle…. ou encore, la fille se collera à votre corps pour une danse lascive qui se terminera par un gogo endiablé. Règle générale cependant, il ne faut pas penser conjuguer le verbe aimer dans le studio. Cette pratique est strictement interdite par les dirigeants des diverses boîtes…. Cependant, il est assez facile de prendre rendez-vous avec la fille et de lui offrir à dîner une fois qu’elle a terminé son travail. Pour la bagatelle, ensuite, il ne s’agit que de laisser la nature suivre son cours…. tout en l’aidant avec quelques billets verts.

Si vous venez à Montréal en auto, vous vous rendrez vite compte qu’il y a beaucoup de possibilités du côté des filles qui font de l’auto-stop. Dans ce cas cependant, il faut se méfier car plusieurs petites allumeuses sont prêtes à certaines choses, mais, si on veut pousser plus loin, elles n’hésitent nullement à crier police. En principe, il ne faut s’arrêter que lorsque la fille paraît âgée de plus de 18 ans, et qu’elle agite seule son pouce suggestif…. Dans tel cas, il y a au moins une chance sur cent, pour que la fille soit une professionnelle qui acceptera de bon gré toute proposition décente!

Les meilleurs moments pour la chasse sont vers le milieu de l’après-midi ou au début de la soirée dans le Centre-ville…. Pour telles expéditions, la rue Sherbrooke entre Atwater et Papineau est particulièrement recommandée… On peut aussi frapper le gros lot, dans le quartier Côte-des-Neiges. Ou encore, rue Saint Denis près du Carré Saint Louis. A ce dernier endroit, il faut se méfier des petites hippies qui ne veulent que se rendre le plus vite possible chez leur amoureux.du moment. Avec elles, rien à faire…. si ce n’est un brin de causette.

Dernièrement, plusieurs péripatéticiennes, bien au fait des techniques modernes ont décidé de lancer une opération motorisée…. Il s’agit là d’une subtile méthode de racolage qui rapporte de très intéressants dividendes…. Pour ce faire, elles circulent à deux dans une petite voiture assez discrète…. et elles “yeutes” les clients qui se balladent sur la rue…. Il suffit de leur lancer une oeillade discrète alors que la voiture est immobilisée sur le coin d’une rue…. Si l’une des filles vous répond… c’est le temps de plonger. Vous sauvez même le prix d’un taxi, puisque ces demoiselles vous mèneront directement à leur petit nid d’amour.

N.B. Il existe à Montréal des agences d’escortes bona fide, et qui annoncent dans Montréal-Matin et le Journal de Montréal. Il ne faut pas tout de suite sauter aux conclusions… et savoir lire entre les lignes.

When the men are women

When the men are women

En 1967, Pierre Elliott Trudeau, qui était alors Ministre de la Justice, célibataire… et héritier présomptif de Lester B. Pearson, eut un éclair de génie. Il était grandement temps de sortir les Forces de l’Ordre, les Gardiens de la Paix et les Protecteurs de la Morale Publique de la chambre à coucher des honnêtes contribuables. Et pour ce faire, il créa le Bill Omnibus.

D’un coup de griffe, tout en allégeant le fardeau des pauvres petites “nénettes”, qui avaient oublié leur pilule, en légalisant jusqu’à un certain point l’avortement, il donnait droit de. cité à l’homosexualité sous toutes ses formes.

Cette décision audacieuse fut accueillie par un Te Deum d’allégresse au sein du troisième sexe, qui pouvait maintenant sortir de la pénible clandestinité dans laquelle il devait se confiner depuis des temps immémoriaux.

Presque immédiatement, de petites fleurs de macadam se mirent à pousser çà et là… dans tous les coins de la Métropole. Les travestis avaient maintenant le droit de circuler au grand jour, sans éveiller pour cela des représailles policières, ou être la cible fixe des mouvements répressifs de la part de leurs ennemis naturels… les gens « dits” normaux.

Rapidement Montréal devint la Capitale du peuple “gai” d’Amérique. Le seul endroit, en deçà de î’océan Atlantique, où l’homosexualité était légalisée. De New York, Chicago, Boston, les homosexuels accoururent pour vivre enfin…. quelques jours, ou quelques mois, dans la plus stricte légalité. Sans cette inquiétude qui pesait toujours au-dessus de leurs têtes: le raid policier!

Presque aussi rapidement, jaillirent de partout des établissements spécialisés qui leur sont presque réservés et où ils se sentent chez eux.

Le troisième sexe a ses règles strictes… et on joue le jeu de l’amour et du hasard tout comme dans le monde soi-disant normal. Mais, dans notre monde moderne… dans notre civilisation “raffinée”, peut-on dire ce qui est normal et ce qui est anormal? Ce débat au contenu philosophique pourrait nous amener très loin dans une discussion théorique qui cadrerait mal avec le présent exposé. D’un point de vue pratique, c’est une autre histoire…. Une vieille scie musicale prétend en effet que “tous les goûts sont dans la nature” et qu’il est loisible à chaque être humain de faire un choix qui lui est propre!

Est-il plus normal de connaître l’extase sexuelle grâce aux lèvres virginales d’une nymphette de 16 ans, pratiquant avec un art consommé le “fellatio”, ou encore, grâce à l’ardeur buccale d’un jeune éphèbe bien rompu aux techniques bien particulières de la stimulation orale? L’un et l’autre se valent sur le plan physique sexuel. La différence se trouve au niveau de l’intellect, car, qui est prêt à accepter les caresses féminines, se rebiffera si son partenaire est du sexe masculin!

Au sein du troisième sexe cependant, on joue à l’amour tout comme on le fait entre homme et femme. On flirte à outrance, on va à la “chasse”, on drague dans les bars pour y trouver un partenaire qui acceptera de partager la couche plus ou moins nuptiale.

Une règle immuable consiste à ne pas fureter dans le parterre du voisin! En effet, les couples homosexuels étant particulièrement instables, les crises de jalousie sont fréquentes et terribles. Aussi, est-il recommandé de procéder avec discrétion, surtout s’il s’agit d’une première incursion dans ce monde spécial.

On s’imagine trop souvent que les homosexuels sont des efféminés qui ne peuvent prendre soin d’eux-mêmes. C’est là une erreur fréquente. Car on retrouve parmi eux quelques-uns des hommes les plus forts de la Métropole! Aussi ne faut-il pas se fier aux apparences…. Qui veut jouer au jars dans ce milieu, peut s’attendre à de vilaines surprises.

Pour qui se mêle de ses affaires, le milieu homosexuel est d’un calme surprenant. Dans les établissements spécialisés, il n’y a jamais de bagarre, sauf quand un “écarté” se permet des taquineries de mauvais aloi. Il est très mal vu, en effet, de passer des remarques incongrues sur les attitudes des gens du milieu, ou encore, de s’en prendre aux “grandes”. Les “grandes” sont en effet les “petites chéries” de ce monde à part. Et elles jouissent d’une protection peu commune. Certaines d’entre elles font de la prostitution comme les belles de nuit les plus délurées et il arrive assez souvent qu’un mâle un peu guilleret se fasse lever par une “grande” en plein travail, se payant ainsi une heure d’amour sans se douter que la jolie Christine qu’il sert entre ses bras, s’appelait Raymond il y a quelques années.

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Ces “grandes” pouvaient jadis opérer avec d’autant plus de facilité que la loi les avaient complètement oubliées lors des récents amendements légalisant l’homosexualité. Mais, hélas, on y a remédié depuis.

Les lois qui régissaient la prostitution remontaient à l’époque victorienne et en fait ne défendaient que le racolage, le vagabondage, la tenue d’une maison de débauche et le proxénétisme sous toutes ses formes. L’également une fille peut coucher avec un homme pour une somme d’argent prédéterminée sans pour cela subir les foudres des agents de la Moralité.

Il n’y a pas si longtemps la loi ne parlait que des filles… Pas question alors d’homosexuels ou encore de travestis. Avec comme résultat que le racolage n’était défendu qu’aux filles publiques et aux coureuses de nuit qui devaient obligatoirement donner une explication satisfaisante de leur présence dans un endroit public lorsque requises de le faire.

En langage populaire et dans la pratique cela signifiait que chaque fois qu’un agent de la Moralité voyait une prostituée dans un endroit public, il pouvait la ramasser à moins qu’elle n’ait une excuse parfaite pour se trouver sur la rue ou dans un bar.

Un fils public, coureur de nuit, fût-il en jupon, pouvait courir la galipotte à son gré et racoler des clients où bon lui semblait, sans s’attirer les foudres de la Loi.

Cette anomalie a causé de sérieux ennuis aux policiers de la Moralité chargés du maintien des bonnes moeurs et de la morale publique. En effet, même ces messieurs qui sont des spécialistes en la matière, se sont laissé prendre au jeu et il leur est arrivé d’appréhender de sémillantes racoleuses qui s’épivardaient sur la place publique…. pour se rendre compte finalement qu’il s’agissait de bons petits garçons travestis, contre qui aucune accusation de vagabondage ne pouvait tenir…. légalement du moins.

Un brave Procureur de la Couronne Municipale tenta même de faire condamner quelques travestis comme “filles publiques” arguant avec art et distinction, mais sans succès, que la population mâle normale ne pouvait tout de même pas trousser toutes les filles sur la rue, pour une vérification de sexe.

Il y a quelques mois, cependant, le gouvernement canadien a modifié la loi et il y a fait disparaître toute référence aux coureuses de nuit qui sont en même temps filles publiques. Maintenant c’est la sollicitation directe qui est interdite. Et les travestis se retrouvent sur le même pied que ces demoiselles à la petite vertu.

Même la vérification de sexe pourrait s’avérer pour le moins inefficace puisque, depuis l’avènement de la “castonguette”, de nombreux chirurgiens se sont lancés dans la grande opération! On la pratique dit-on dans certains hôpitaux de Montréal.

Plusieurs jeunes éphèbes ont perdu leur “zizi” grâce à un habile bistouri. Des mains d’esthètes chirurgicaux ont créé de magnifiques vagins artificiels, qui ne rêvent que d’accueillir le “vous-savez-quoi”.

Pour ce qui est de la poitrine redondante et ferme de nos bellissimes poupées, la silicone en injection en est la cause…. bien appuyée par des hormones femelles prises en quantité quasi industrielle. Dans les mains d’un chirurgien habile, la transformation est à s’y méprendre. Surtout si le sujet a su développer des tendances très jeune! Aussi, la fille accorte et minijupée qui vous fait de l’oeil au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Laurent, peut tout aussi bien être un jeune travesti qui a subi ou non, la grande opération!

Plusieurs de ces “grandes” ont réussi des coups de maître et ont fait tomber dans leurs filets certains de nos don juans les plus virils…. sans que ces derniers ne se doutent un seul instant qu’ils avaient affaire à un mâle transformé. D’ailleurs, plusieurs travestis pratiquent avec élégance le métier de danseuse à gogo “topless” et leur poitrine si bien galbée peut faire rougir de honte certaines de leurs consoeurs féminines moins bien nanties. Certaines “grandes” sont même plus féminines que des femmes et elles jouent si bien le jeu que seul un homme averti peut découvrir le pot aux roses.

A dix ans, Raymond préférait jouer à la poupée, plutôt que de jouer au baseball avec ses copains. Ce qui désespérait fortement ses père et mère. A quinze ans, un débardeur le séduisit et depuis, il ne jure que par l’amour au masculin. Psychiquement, il est une véritable femme. Il a un goût prononcé pour jouer à la femme de ménage et il n’est heureux que quand il porte des vêtements féminins. Il y a quatre ans, un ami lui parla des piqûres hormonales qu’il pouvait recevoir chez certains médecins…. Il y accourut sans hésitation et au bout de quelques mois, il commença à porter un soutien-gorge, non pas par goût, mais bien par besoin. À l’aide d’injections à la silicone, il améliora son tour de poitrine, si bien qu’aujourd’hui, il porte un soutien-gorge de pointure 38-D et il le remplit complètement. Entre-temps, il a laissé pousser ses cheveux, si bien qu’aujourd’hui, ils tombent sur ses épaules…. Raymond est très petit, minuscule même. Il a une taille de guêpe et des hanches de vierge. Il y a un an, il a “passé par la grande opération”…. et maintenant il a un tout petit vagin très serré, qui fait les délices de ses amoureux. Depuis quelques années déjà, il se fait appeler Brigitte…. et personne ne se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, il faisait tourner la tête à beaucoup de filles.

Physiquement, Brigitte est absolument frigide. Les multiples opérations qu’elle a subies lors de sa transformation ont complètement détruit les ramifications nerveuses dans ce qu’elle appelle maintenant sa petite « pelotte d’amour”. Sexuellement, elle connaît l’extase psychologique quand elle se fait serrer de près par un mâle gaillard, qui danse avec elle la samba de l’amour. Elle jouit vraiment quand on lui permet de se servir de ses lèvres audacieuses qui se livrent à des caresses styliques et rythmiques. Brigitte pratique le métier de danseuse à gogo “topless”… elle a des amoureux dans tous les coins de la Belle Province et la plupart d’entre eux, croient toujours que la belle Brigitte est une fille. Marginalement, Brigitte fait de la prostitution presqu’à tous les soirs. C’est pour elle une seconde nature, car elle recherche presque morbidement le contact masculin…. Dans les bras d’un homme, elle se sent chez elle…. dans son élément. Dans la vie, Brigitte est seule. Ses amoureux se succèdent à un rythme accéléré, si bien, qu’on croirait qu’elle est volage! Tel n’est pas le cas. Elle a toutes les misères du monde à garder ses hommes. Elle se les fait chipper par d’autres “grandes” ou par de “petits jeunes” à l’anus presque virginal!

Brigitte, c’est le travesti typique… comme il en existe à des centaines d’exemplaires à Montréal… Parallèlement, il existe des milliers de “grandes” qui ne sont pas des travestis, mais, qui portent des cheveux longs tout en s’habillant avec une certaine recherche. Ces “grandes” occupent des emplois réguliers et elles ne se muent vraiment que lorsqu’elles sortent le soir.

Les “grandes” et leurs amis fréquentent des endroits spé- cifiques. Et c’est dans le quadrilatère formé par les rues Saint-Laurent, Sainte-Catherine, Dorchester et Saint-Denis qu’on en retrouve la plus grande concentration. Et il est toujours surprenant d’y voir une belle fille mini-jupée entrer audacieusement dans l’une des tavernes du quartier.

Plus tard le soir, on les retrouve, rue Saint-Laurent, dans un des établissements licenciés qui fonctionnent le mieux à Montréal. Le cabaret met en vedette, chaque soir, des travestis et on peut y admirer le meilleur spectacle du genre. D’ailleurs, il y a foule tous les soirs et les amateurs seraient bien avisés de réserver leurs tables, s’ils désirent s’y rendre, surtout les fins de semaine.

Dans l’ouest, le troisième sexe se retrouve rue Stanley, ou encore rue Peel. Dans la plupart des discothèques huppées de l’ouest de la ville, le troisième sexe est très bien accueilli, mais, on y interdit l’accès aux travestis. La coutume veut qu’un homosexuel fasse la paire avec une jolie lesbienne pour fréquenter ces endroits et aller à la chasse de leur côté.

Aux petites heures du matin, les « grandes” de l’est et les “grandes” de l’ouest, avec leurs amis, convergent vers certaines boîtes spécialisées qui restent ouvertes toute la nuit.
On n’y sert que du café et des liqueurs douces qu’on vend au prix fort. Mais l’atmosphère est très spéciale, la musique d’une qualité surprenante même si elle est un peu forte et il ne faut pas manquer d’y aller faire un petit tour.

Un touriste averti qui veut vraiment connaître Montréal n’hésitera nullement à visiter ces endroits spéciaux qui lui offrent une facette originale de notre grande ville. S’il s’y conduit comme un gentleman, il peut le faire en toute sécurité. Il ne faut pas oublier que les tenants du troisième sexe ne sont pas des animaux enfermés dans un zoo, mais bien des humaine avec des réactions humaines. S’il ne veut pas se faire lever par un travesti, nul ne l’importunera, car les “grandes” sont très discrètes et ne forcent personne à s’offrir leurs faveurs.

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Comme l’homosexualité, le lesbianisme existe depuis des temps immémoriaux…. Le culte de Lesbos florissait en effet dans la Grèce Antique et chaque siècle a connu sa période où la femme a cultivé la femme.

Montréal ne manque pas à la tradition, et les amies de Fémina y sont légions. En fait, avant les récents amendements à la Loi apportée lors de la proclamation du Bill Omnibus, la “chose” était beaucoup plus facile pour les lesbiennes que pour les hommes aux penchants insolites. Aussi le lesbianisme est-il solidement ancré dans nos moeurs nocturnes!

Jamais en effet, les forces de l’Ordre n’ont-elles envahi la chambre à coucher de ces dames…. pour les accuser de grossière indécence ou autre chose du même acabit. On avait toujours trouvé normal que deux filles partagent la même couche, qu’elles circulent enlacées dans la rue, qu’elles dansent ensemble dans les clubs de nuit, ou encore, qu’elles s’embrassent tendrement lorsqu’elles se rencontrent.

Telle largeur de vue surprenante dans une société puritaine, rigidement coincée par les dictats de la religion, a permis à Lesbos d’avoir droit de cité, bien avant que les mâles puissent jouir des mêmes privilèges.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, une grande majorité de femmes y ont goûté avec plus ou moins d’intensité, à une époque de leur vie. Contrairement aux expériences homosexuelles normales chez tous les jeunes gens, le lesbianisme est une expérience beaucoup plus troublante. Chez l’homme les contacts homosexuels sont la plupart du temps, le fruit d’une recherche de l’inédit et, dans la tendre jeunesse, l’aboutissement normal d’une curiosité et d’une découverte de réactions vives et presqu’inexplicables.

Chez la femme, c’est une toute autre histoire…. Les contacts lesbiens sont surtout le fruit d’un besoin inné de tendresse…. doublés de la crainte du mâle et des dangers des contacts normaux. Ceci jouait fortement avant l’avènement de la pilule qui a eu une nette action libératrice sur le comportement sexuel de la femme jeune. D’autant plus, que la prime à la virginité est maintenant chose illusoire.

Disons d’abord, pour bien établir les données du problème, que 70% des prostituées de Montréal sont des lesbiennes véritables…. avec des tendances plus ou moins prononcées. Cela est compréhensible. Ces demoiselles à la cuisse légère reçoivent tellement d’hommages masculins, que, pour elles, la bagatelle doit être toute autre chose. La professionnelle se fait un point d’honneur de ne pas avoir d’orgasme avec un client…. Autrement, ce serait tricher au jeu. Elles se réservent pour leur “gigolo” ou encore pour leur petit “butch” qui, plus souvent qu’autrement, joue le rôle de “pimp” avec encore plus de vigueur qu’un “pimp” de sexe mâle.

Aussi les amateurs d’émotions fortes n’auront aucune difficulté à convaincre leur amour d’un soir, à participer à un petit “party” à trois, à la condition d’y mettre le prix. Pour la professionnelle, il s’agit là d’un divertissement agréable lui permettant enfin de relaxer complètement. Et comme les « butch” connaissent à fond tous les intimes secrets du corps féminin, “ils” exitent la fille au plus haut point, si bien que, quand le client se décide à son tour à conjuger le verbe aimer, la partenaire est bien réchauffée et donne un rendement meilleur que la normale.

Organiser tel partouze est très facile! Il ne s’agit que d’en glisser un mot à celui ou celle qui sert de point de contact, et le tour est joué. Malheureusement, comme telles partouzes consomment un temps précieux, le coût en est assez élevé, et varie entre $100.00 et $200.00 pour trois heures de plaisirs. A vous de savoir si le jeu en vaut la chandelle, pour rechercher l’inédit.

Cependant, le milieu des prostituées ne constitue qu’une infime partie du monde des lesbiennes. La majorité se retrouve dans votre entourage, où on y rencontre des couples d’une stabilité surprenante…. bien qu’avec le temps, celle qui joue le rôle de la femme, tend à vouloir devenir de plus en plus active, et se transforme assez souvent en “butch”. En effet, il arrive au sein du couple, qu’on assiste à ce qu’on appelle un “combat de suprématie”…. La femme prend de la vigueur et tend à dominer sa partenaire qui jouait le rôle d’agresseur au début de la relation. Tel combat se termine la plupart du temps par une rupture. Et ces demoiselles partent en chasse, chacune de leur côté.

Les terrains de chasse à Montréal, sont cependant très limités…. et normalement, l’accès en est interdit aux mâles en quête de spectacles inédits. Pour pénétrer dans Tinner sanctum de ces dames, il faut montrer patte blanche…. Mais, si vous réussissez à convaincre une lesbienne de vous piloter même si vous êtes du sexe opposé, vous y serez accueilli à bras ouverts, à la condition expresse que vous fassiez preuve d’une discrétion…. et d’une sagesse absolue.

Les dames et les jeunes filles n’ont pas besoin de guide, les nouvelles recrues étant toujours les bienvenues dans ce milieu fermé. Un conseil cependant, évitez le “flirt” à outrance, car rien n’est plus dangereux qu’une lesbienne en train de voir une rivale tourner la tête à l’amour de sa vie.

Il n’y a pas si longtemps, l’une d’elles a “sculpté” au couteau les seins d’une rivale, dont les oeillades étaient trop osées, et il fallut plus de 90 points de suture pour terminer le chef-d’oeuvre. Une autre s’est fait proprement assommée à coup de barre de fer, pour avoir osé braver la reine du milieu. Mais, avec une certaine prudence, ces demoiselles qui aiment caresser de petits minets peuvent impunément rôder dans le monde de Lesbos et y faire des conquêtes.

Dans ce milieu existe aussi ies frivolités. Et une dame bien sage peut facilement lever une gentille fille moyennant un petit cadeau. Le sexe se monnaye à tous les degrés et dans tous les domaines.

Bien sûr, il y a en sus, la masse de lesbiennes absolument impossible à identifier. Elles ont l’air de femmes normales et rien ne distinguent les “butch” des partenaires féminins…. si ce n’est une certaine agressivité ou encore, une allure plus ou moins protectrice et des éclairs dans les yeux.

A crossroad for every taste.

A crossroad for every taste.

Il y a vingt ans, la Métropole pouvait être considérée comme une Ville pure, bien que les bordels ou autres maisons de même acabit opéraient au vu et au su de tout le monde. Le Montréalais vicieux était cantonné dans des limites bien précises. Et, en fermant complètement la Ville, les Autorités municipales n’ont fait qu’ouvrir ses frontières. Aussi paradoxal que cela puisse paraître!

Au temps des bordels, il n’y avait que très peu d’orgies. Nos mâles en rut, se contentant de sexe normal sans trop de variantes. Depuis, c’est une autre histoire. Et le monde des orgies prend une ampleur surprenante, jusqu’à former maintenant un monde à part, bien défini, avec de nombreux adeptes prêts à tenter toutes les expériences possibles et inimaginables! Ce monde toutefois, est peu accessible… Et, le touriste qui voudrait y être initié sans aucune préparation, risque de fortes désillusions. En effet, les adeptes de telles pratiques, restent une infime minorité et ne permettent pas des immixtions intempestives dans leurs activités.

Le plus difficile, demeure toujours le premier contact, bien que dans les petites annonces de Montréal-Matin, les plus productives et les plus sûres en matière de sexe, on peut trouver le nom de certaines agences se chargeant de faire certains contacts. Mais, il faut s’y prendre à l’avance, sinon, on risque de rester gros-jean-comme-devant.

Dans ce monde à part, comme dans toute société, il existe des règles de conduite bien définies. L’homme solitaire ne peut franchir les frontières de ce milieu spécial… à moins d’être un jeune éphèbe particulièrement séduisant. Une jeune fille ou une jeune femme a beaucoup plus de chance de réussite, car, les partouzes à trois, sont encore très à la mode. Dans tel cas, ces demoiselles doivent être prêtes à accepter les hommages attendris et lubriques de madame tout comme ceux de monsieur…. Et elles doivent être même prêtes à rendre la pareille! Cependant, cela reste l’exception, la pratique courante et “normale” si l’on peut employer ce terme, est la rencontre entre deux et même trois couples!

Si le visiteur vient de l’extérieur de Montréal, il faudra que madame accepte d’abord d’être du voyage… puis, de la “partouze”, ce qui n’est pas facile dans tous les cas. Si madame n’a pas de complexe, la chose sera beaucoup plus facile, autrement, il faudra que monsieur se déniche une partenaire… et, une excellente excuse. Ces petites orgies bien carabinées, se terminent normalement aux petites heures du matin, et les participants sont dans un état de fatigue tel, qu’il faut nécessairement huit heures de sommeil pour se remettre sur pied… et recommencer la tournée sexuelle du Montréal nocturne. Trouver une partenaire dégourdie n’est pas chose facile et il faut absolument se rabattre sur des professionnelles si madame n’est pas prête aux grandes aventures. Dans ce cas, cela risque de coûter très cher… car le temps de ces demoiselles est plutôt précieux… mais, pour une centaine de dollars, on trouvera une fille qui a tout son temps et qui est prête à tout, pourvu que cela paye.

Remarquez que si deux gars un peu délurés veulent s’organiser une petite “partouze” personnelle, cela est beaucoup plus facile. Nos péripatéticiennes n’hésitent nullement, moyennant un petit supplément, à donner un petit “show” spécial où elles s’excitent mutuellement. Côté mâle avec mâle, la chose est tout aussi facile à organiser. Nous parlons ici des orgies authentiques, où il n’est nullement question de choses factices bien montées. Il ne s’agit pas de spectacles organisés, mais bien de “partouzes” planifiés où l’argent n’a rien à faire.

Aussi, serez-vous bien avisé de dire à votre partenaire, s’il s’agit d’une professionnelle, qu’elle ne vende pas la mèche et qu’elle joue jusqu’à la limite le rôle d’épouse qui lui est dévolu. S’il s’agit de madame, ou encore, de votre petite amie… elle n’a qu’à laisser courir son imagination. En fait, ces partouzes consistent essentiellement au “wife swapping” bien connu aux Etats Unis d’Amérique, mais, avec toutes les variantes que l’on veuille bien y ajouter.

Quand on pénètre dans ce monde spécial, il faut être prêt à tout, sans aucune restriction ou presque. Car, il est évident que les deux femmes se caresseront à qui mieux mieux sous le regard de leurs partenaires… et, il arrivera que les deux mâles auront aussi des contacts entre eux, le tout, se terminant par une sarabande effrénée… côte à côte, entre tous les partenaires.

Or, une fois pénétré dans ce monde fermé, tout devient beaucoup plus facile, car les contacts se multiplient avec une surprenante rapidité. Tous les vicieux se connaissent.

Il existe parallèlement ce qu’on peut qualifier de “partouzes” spontanés. De ce genre de “partouzes” qui naissent au hasard des rencontres et qui se terminent tout aussi rapidement qu’elles avait débuté. La montagne est particulièrement propice à ce genre de rencontre. Sur les deux versants du Mont-Royal, on peut trouver des couples prêts à se lancer dans toutes sortes d’expérience. Dans les endroits plus déserts, on trouve les spécialistes qui ont des tendances homosexuelles. On peut même s’infiltrer dans des groupes qui pratiquent la vie communautaire à tous les niveaux… à la condition de ne pas négliger de fumer quelques cigarettes de marijuana ou de haschich. Mais, c’est là une toute autre histoire et un tout autre monde, que nous étudierons dans le prochain chapître.

LES PARADIS ARTIFICIELS

Montréal Insolite

Si l’on se fie aux manchettes qui apparaissent périodiquement dans nos quotidiens, on pourrait croire que Montréal est la capitale de la drogue en Amérique du Nord.

Il n’en est rien. Depuis plus de vingt ans, à cause de la proximité de l’énorme marché américain, Montréal est le port d’entrée par excellence pour les courriers spécialisés à l’emploi des réseaux internationaux de traficants de narcotiques. L’héroïne y entre à la livre et en repart presqu’aussitôt en direction des U.S.A.

Mais aussi curieux que cela puisse paraître, jusqu’au milieu des années soixante, la consommation de stupéfiants de tout genre était réduite au plus strict minimum dans la métropole.

Il fallut l’explosion démographique de l’après-guerre et la révolution tranquille de Jean Lesage pour que le Québec franchisse le seuil de l’irréel.

Encore aujourd’hui, alors qu’une civilisation parallèle existe vraiment, la consommation de drogues majeures comme l’héroine et la cocaine demeure extrêmement limitée.

En fait, à Montréal, à moins d’avoir de sûres entrées dans ces milieux spéciaux, il est quasi-impossible de s’en procurer. Heureusement d’ailleurs, car faire usage de ces drogues extrêmement nocives est particulièrement dangereux et pour le non-initié, relève de la plus pure aberration mentale.

Par contre, le monde du rêve a un petit côté attachant pour le touriste et y faire une petite incursion est la chose la plus facile.

On oublie trop souvent, quand on parle de drogues que la plus grande partie de la population du Québec en fait un usage quotidien. L’adulte qui fait un drame parce que son fils fait usage de “mari” ou de “haschich” ferait bien de se souvenir que le “dry martini” qu’il s’envoie derrière la cravate tous les midis, comme apéritif, ou que la bière qu’il se tape à la taverne, en fin de journée, contient l’une des drogues les plus nocives qui soient: L’ALCOOL.

C’est même celle qui cause le plus de ravages à Montréal. A long terme, la consommation abusive de l’alcool provoque une forte dépendance physique et psychologique et entraîne une foule de maladies allant de la cirrhose du foie au délirium tremens.

La seule différence entre l’alcool et les drogues mineures est que la première est socialement acceptée et qu’elle rapporte chaque année des centaines de millions aux gouvernements qui les empochent sans aucun scrupule.

En réalité, les adultes qui aiment lever le coude tout comme les jeunes qui aiment “toker un joint” ne deviennent de véritables droguées que lorsqu’ils se mettent à consommer de façon abusive.

On aura vite constaté que le monde de l’irréel est tout à fait spécial, et qu’il a son vocabulaire particulier qu’il faut absolument connaître avant de s’y aventurer.

L’important, c’est d’être “cool”, c’est-à-dire d’être au pas. En même temps que nous passerons en revue ce rapide glossaire, nous en profiterons pour définir de façon générale l’effet des diverses drogues que l’on trouve sur le marché.

Dans la première catégorie on retrouve l’héroine, la morphine et la codéine que l’on nomme “H” prononcé à l’anglaise ou encore “Horse”. Ce sont là des drogues particulièrement dangereuses car elles créent l’accoutumance physique et psychologique.

Normalement les habitués se “Shootent” plusieurs fois par jour. Pour ce faire, ils se servent d’une petite cuiller et d’une aiguille hypodermique. On place la drogue dans une cuiller, on y ajoute de l’eau et on chauffe le tout avec une allumette pour hâter la dissolution. A l’aide d’une aiguille hypodermique on s’injecte directement la solution dans une veine gonflée. Ce procédé s’appelle le “mainlining”. Il est extrêmement dangereux. Sous toutes ses formes, que ce soit en injection, en pilules ou même en cigarettes, ces drogues créent l’accoutumance et on doit les éviter comme la peste.

De nombreux soldats américains qui avaient pris l’habitude de fumer du “smack” au Vietnam (le smack est une cigarette formée d’un mélange de marijuana et d’héroine) se sont rendu compte, à leur grande surprise, qu’ils ne pouvaient plus s’en passer. Et ils ont dû subir une cure de désintoxication aux frais de l’Oncle Sam.

Heureusement à Montréal, comme partout ailleurs au Québec, ce type de drogue est presqu’inexistant. De toute façon il ne faut jamais en faire usage sous quelque prétexte que ce soit et il faut appuyer sans réserve les efforts des forces de l’ordre qui empêchent ce vil commerce de s’implanter chez nous. La “shot” d’héroine, la pilule de morphine ou de codéine se vendent entre $5 et $15 l’unité et un narcomane invétéré a besoin de plus de $50 par jour pour satisfaire ses habitudes. C’est donc un jeu extrêmement coûteux en plus d’être très dangereux.

A Montréal, contrairement à ce qui se produit dans la plupart des grandes villes américaines, c’est la “p’tite mari” qui jouit de la faveur populaire. Il est bien vu, dans la meilleure société, de fumer son “joint de pot” et on retrouve des adeptes dans tous les milieux.

Heureusement, la cannabis satyva, (nom scientifique de la marijuana), ne crée aucune accoutumance et la commission Ledain, après une étude exhaustive du sujet en a presque recommandé la légalisation!

La marijuana, tout comme le haschich qui n’est en fait qu’un concentré, provoque normalement une sensation de calme, d’euphorie ou de bien-être. Et on peut sentir ses relents dans tous les coins de la métropole. Son usage est si répandu qu’il est impossible de le contrôler.

“La p’tite mari” permet des sensations extra-sensorielles qui amènent une expression intellectuelle qui semble plus profonde. Elle a surtout un immense avantage. Au contraire de l’alcool, la “mari” ne provoque aucune agressivité et le lendemain de la veille, pas question de gueule de bois!

Le “hash” (H prononcé à la française) est beaucoup plus puissant et produit essentiellement les mêmes effets. Si on y va avec trop d’enthousiasme cependant, il peut provoquer des effets beaucoup plus profonds comparables à ceux des hallucinogènes.

Une cigarette de “mari” se nomme un “joint” que l’on “toke” normalement en groupe. Il est bien vu de laisser tirer quelques touches à ses compagnons. La “mari” étant une herbe extrêmement sèche, elle brûle très rapidement et c’est la raison pour laquelle on passe le “joint” à la ronde. Ainsi tous peuvent profiter des effets de l’“herbe de rêve” et c’est une excellente occasion de faire connaissance.

Les habitués adorent fumer des “bombes”… des cigarettes qui contiennent moitié haschich et moitié marijuana. Deux de ces cigarettes réussissent à produire un “high” puissant chez trois ou quatre adeptes. Ce palier de l’euphorie est rapidement atteint et se maintient durant trois ou quatre heures. On reste “gelé au boutte” jusqu’à ce que se produise le “down”.

Durant le “high”, on perçoit tout d’une façon différente. La musique, les couleurs et les sons prennent une toute autre dimension.

Un “dime” de mari ou de hash se vend entre $8 et $10. et il est extrêmement facile de s’en procurer car les “pushers” pullulent dans tous les coins de la ville.

La pharmacopée moderne a mis à la portée du grand public des milliers de produits médecinaux. Prix hors contexte et à doses massives, ces pilules produisent des effets très spéciaux qui sont recherchés par des milliers d’usagers. Que ce soient les “goof balls, les speeds ou encore le crystal” ces pilules sont assez dangereuses et provoquent des réactions imprévisibles.

A l’ère atomique, la chimie n’a presque plus de secret et il est maintenant à la portée de n’importe quel étudiant de fabriquer de “l’acide”. Il s’agit du LSD 25, une formule chimique due au grand prêtre Timothy Leary. Cet hallucinogène tout comme le STP, le MDA et la mescaline s’attaque directement au système nerveux entravant son fonctionnement normal et provoquant des hallucinations, des illusions et une sensation de dépersonnalisation. Les voyages au LSD durent entre 6 et 12 heures et il faut prendre garde car ces puissants stimulants provoquent parfois de graves crises d’anxiété et de panique si l’atmosphère n’est pas propice.

Ces hallucinogènes sont à déconseiller et si jamais vous avez l’occasion de consulter les certificats d’analyses produits devant le tribunal à la suite de saisies de ces drogues cela vous passera le goût de les essayer. Dans un cas précis, les analystes ont découvert que le LSD était coupé de strychnine, un poison extrêmement violent.

Il y a une dizaine d’années, seuls les musiciens de jazz et quelques initiés connaissaient la marijuana. Ceci dura jusqu’à ce que la doctrine hippie s’installe à demeure dans la métropole.

La “philosophie de la fleur” mit à la mode la recherche de la vérité et de l’irréel. Au tout début, les adeptes de la “mari et du LSD” poussaient à fonds leurs expériences pour atteindre de nouveaux sommets intellectuels. En fait, ces drogues mineures étaient l’apanage de ceux qui pensaient et qui voulaient créer un monde nouveau à partir d’une philosophie non-conformiste.

Ce petit monde se réunissait à l’époque dans des petits cafés borgnes situés rue Clark près de Sherbrooke. On se rendait au El Cortigo et à la Paloma comme on se rendait à l’église. On partait à la recherche de l’absolu. Cela ne fit qu’un temps. Puis ce fut l’époque de la petite Hutte où les premiers pushers eurent pignon sur rue. Encore que, dans ce temps, le nombre des habitués étaient très limité.

Puis la petite “mari” franchit allègrement une frontière. Le marché se développa rapidement. Les sources se firent plus nombreuses. On se lança alors dans l’importation, sur une grande échelle. Les amateurs purent goûter aux délices de la “ganja” jamaïcaine, du vert tabac de Colombie avant que les experts en commerces illicites ne se rendent compte qu’il était beaucoup plus facile d’importer du haschich, un concentré qui occupe un volume beaucoup moins important.

C’est alors que l’“Or libanais” fit son apparition sur le marché suivi du brun haschich de Kabul, Afghanistan. On emploie toutes les ruses pour déjouer les douaniers… des tables de style sculptées dans du haschich solide, des manteaux de peau de chèvre littéralement truffés de haschich, etc.

Dernièrement d’habiles contrebandiers découvrirent une passe sensationnelle. Ils importèrent du Liban pas moins d’une tonne et trois quart de haschich pur dissimulé dans des boîtes de conserves devant contenir de la compote aux pommettes libanaises! Cette drogue leur avait coûté plus de $200,000 mais sur la rue, au prix de détail, ils auraient pu réaliser plus de $5,000,000. Quelqu’un vendit la mèche et on découvrit le pot-aux-roses.

Inutile de dire que de tels profits peuvent tenter le diable! On n’hésite pas à jouer gros jeu même si le risque est un minimum de 7 ans de pénitencier en cas de coup dur.

Entretemps eut lieu la fondation de la république du carré St-Louis et l’usage de la mari et du hash proliféra à un rythme tel que le législateur dut amender la loi. Trop de fils de bonne famille, trop d’hommes d’affaires risquaient de se réveiller derrière les barreaux avec un casier judiciare extrêmement lourd à porter. Maintenant la possession simple pour usage personnel de cette drogue mineure ne peut qu’entraîner une amende entre $25 et $100 alors qu’auparavant le tribunal avait le loisir de condamner le contrevenant à six mois de prison.

Cet amendement était nécessaire car de nombreuses personnes dans toutes les classes de la société font maintenant usage de “mari” et de “haschich”. C’est la drogue à la mode dans les salons mondains et dans les discothèques huppées. Et l’on peut s’en procurer, sans grands efforts dans tous les coins de la métropole.

Pour ceux que le monde hippie intéresse, il y a actuellement trois pôles d’attraction à Montréal.

Dans l’ouest de la ville, une faune assez particulière gravite sur les trottoirs de la rue Crescent. On peut y rencontrer tout aussi bien des motards que des aristocrates du plus pur crû qui fréquentent les discothèques du quartier.

Dans l’est de la ville, les hippies se sont regroupés rue St-Denis, aux alentours du Carré St-Louis où ils ont fondé leur propre république. Malheureusement pour eux, l’armée officielle, la Gendarmerie montréalaise, les déloge tous les soirs. Le carré St-Louis a un petit côté particulier. Il est le seul parc de la métropole qu’on ne peut fréquenter passé minuit!

Enfin, il y a le Vieux Montréal où toutes les cultures s’entrechoquent. Les soirs de pointe, on peut respirer des relents de “mari” en circulant Place Jacques Cartier au milieu des touristes, des hippies, des intellectuels et des motards qui ont tous adopté le quartier. C’est un endroit à ne pas manquer.

À SUIVRE DANS LA DEUXIÈME PARTIE!

Montréal Shows : 1965 – 1975, exposition, Pop Montréal  
 Montréal Insolite : Guide de la vie nocturne alternative de 1974. Deuxième partie.

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Commentaires

  1. Jean T.
    jeudi, septembre 19th, 2019
    Bonjour, auriez-vous des détails concernant la discothèque l'Horizon à Montréal-Nord dans les années 80 ? Quelle était son emplacement exact ? Merci,
    • Sylvain S.
      jeudi, août 6th, 2020
      Info sur L'Horizon

      http://www.quebecentreprises.com/bar-l-horizon-inc-8zit/
    • Sylvain Pankow
      lundi, mars 29th, 2021
      Henri Bourassa et Lacordaire aujourd'hui la flamberie
  2. Marcel Lamarre
    dimanche, décembre 26th, 2021
    Je suis à la recherche de photos du Café Chez Émile, et aussi de la discothèque L’Octogone, 11801 Boul. Gouin.
  3. Fred
    mardi, mai 28th, 2024
    Les Editions Beljo, 2135 A Ste-Catherine est. C’laude Jodoin et Yvon Belzil. Photo, probablement Gerald P Merkel.
  4. Valérie L.
    mercredi, septembre 11th, 2024
    Bonjour! Je suis moi aussi a la recherche d'informations ou de photos d'archives de la discothèque l'Horizon de Montréal-Nord. J'ai épluché bon nombre de pages web et de photos d'archive du night life de Montreal dans les années 60-70-80 et a aucun endroit j'ai pu denicher une quelconque photo, image, affiche de l'endroit. Pourtant, cette discothèque du nord de la ville a connue de belle années de popularité. Réputée pour ses soirées endiablée sur la piste de danse aux sons des grands hit de disco.